Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/313

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m’annonçant l’état désespéré de son mari.

Pendant que je la déchiffrais, Steerforth continuait à souper.

« — Steerforth, » lui dis-je, « je crois que j’irai à Yarmouth, moi aussi, pour voir ma vieille bonne. Ce n’est pas que je puisse lui être d’aucun service réel, mais elle m’est si attachée, que ma visite lui fera du bien ; ce sera une consolation pour elle, et c’est le moins que je puisse faire, dévouée comme elle a toujours été. Si vous étiez à ma place, ne feriez-vous pas de même ? »

Son regard devint pensif, et il réfléchit quelque temps avant de me répondre :

« — Oui, allez ; vous ne pouvez faire mal.

» — Puisque vous arrivez de Yarmouth, » repris-je, « ce serait inutile de vous prier de m’accompagner.

» — Tout-à-fait impossible, » répliqua-t-il ; je vais cette nuit même à Highgate. Il y a long-temps que j’ai vu ma mère, et ma conscience me le reproche ; car c’est quelque chose d’être aimé comme son enfant prodigue l’est par elle… Bah ! quelle absurdité !… Vous avez l’intention de partir demain, je présume ?

» — Oui, mon ami.

» — Eh bien ! différez d’un jour. Je venais