Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/34

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quoique M. Wickfield soit le meilleur des patrons ; c’est une ambition qui ne peut être permise qu’à vous, qui êtes le neveu d’une tante si bonne et si généreuse. »

Certes, j’aimais à entendre louer M. Wickfield et ma tante ; mais je ne pus m’empêcher de trouver qu’Uriah exprimait son enthousiasme avec des gestes et des grimaces qui le rendaient deux fois plus laid : il se tortillait comme aurait fait un reptile, et il ne me parut pas plus beau, quand de l’éloge du père il passa à celui de la fille ; car il loua aussi les grâces d’Agnès, tout en protestant qu’il l’admirait en toute humilité : « Pardon, » me dit-il enfin ; « mais il faut que je vous quitte, il se fait tard, ma mère m’attendrait ; j’espère qu’un jour vous nous ferez l’honneur de venir prendre une tasse de thé dans notre humble demeure, où ma mère sera très fière de vous recevoir, M. Copperfield. »

À cette invitation polie, il ajouta un serrement de main, et j’éprouvai encore cette sensation de froid que cause le contact d’une anguille… je ne dis pas d’un autre reptile, n’en ayant jamais touché. Il en résulta pour moi un rêve de la nature des cauchemars, dans lequel Uriah Heep lançait à la mer la maisonnette de M. Peggoty, qu’il transformait en bâtiment--