Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

corsaire avec un pavillon noir au faîte du grand mât, portant pour inscription la Pratique de Tidd. Sous cette diabolique enseigne, il m’emmenait captif avec la petite Émilie pour nous noyer tous les deux dans le détroit de Gibraltar.

Quoique déjà le lendemain je fusse un peu moins gêné dans mon nouveau pensionnat, il me fallut quinze jours pour m’y sentir à mon aise, soit dans la classe, soit dans les récréations ; mais je finis à la longue par oublier que j’avais gagné ma vie à rincer des bouteilles dans le comptoir Murdstone et Grinby.

Le pensionnat du Dr  Strong, fondé sur un excellent système, différait de celui de M. Creakle, comme le bien diffère du mal ; tout y était dirigé avec ordre et convenance : le principe moral consistait à faire appel à l’honneur et à la loyauté des élèves. On supposait que chacun d’eux possédait ces deux vertus, jusqu’à ce qu’il eût prouvé qu’il était indigne de la confiance qu’on lui témoignait ; on obtenait ainsi des merveilles ; nous sentions tous que nous avions un intérêt à la prospérité de l’établissement, à sa réputation, à sa dignité : — aussi nous y attachions-nous. Pour ma part, j’éprouvai bientôt ce sentiment