Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/354

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neur comme je vous fais honte. Dieu vous bénisse tous : je serai souvent à genoux pour l’implorer en faveur de vous tous. S’il ne me ramène pas sa femme, une lady, je ne prierai plus pour moi, mais je prierai encore pour vous tous : mon dernier cri de tendresse à mon oncle… à lui mes dernières larmes, les dernières paroles de ma reconnaissance. »

C’était là toute la lettre.

J’avais cessé de lire, que M. Daniel Peggoty me regardait comme si je lisais encore. À la fin je lui pris la main et le conjurai de tâcher de se contenir.

« — Merci, Monsieur, merci, » répondit-il sans faire un mouvement. À son tour, Cham lui parla. M. Daniel Peggoty lui secoua la main, mais sans mot dire et toujours dans le même état. Personne n’osa plus lui adresser un seul mot.

Ce ne fut qu’au bout d’un quart d’heure qu’il détourna les yeux comme s’il sortait d’un rêve et les promena autour de lui ; puis d’une voix sourde :

« — Quel est l’homme ? je veux connaître son nom. »

Cham me regarda, et, tout-à-coup, je sentis comme un choc qui me fit reculer.