Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/353

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« Ô vous qui m’aimez mille fois plus que je ne l’ai mérité alors même que ma pensée était innocente, lorsque vous lirez ces lignes, je serai bien loin… »

« — Je serai bien loin, » répéta lentement M. Peggoty. — « Arrêtez ! Émilie bien loin ! Continuez. »

« Je serai bien loin pour ne plus revenir à moins qu’il ne me ramène… sa femme. Ah ! si vous saviez combien mon cœur est déchiré. Je vous ai trop offensé pour que vous me pardonniez jamais, et, cependant, je le répète, si vous pouviez seulement savoir combien je souffre. Ah ! je suis trop coupable pour vous parler de moi… consolez-vous en pensant que je suis si coupable ; mais, par la miséricorde divine, daignez dire à mon oncle qu’il ne m’a jamais été plus cher qu’à présent ! et puis oubliez tous combien vous avez été bons et affectueux pour moi ! oubliez, vous, que vous deviez m’épouser : tâchez de penser que je suis morte petite fille et qu’on m’a ensevelie quelque part. Priez le ciel, dont j’ai perdu la grâce, qu’il ait pitié de mon oncle. Soyez sa consolation ; aimez quelque bonne fille qui soit pour lui ce que j’aurais dû être, qui vous soit fidèle, qui soit digne de vous, et qui vous fasse hon-