Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/369

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quand elle eut fermé non sans peine son parapluie, j’avais remarqué dans sa physionomie cette expression badine qui m’avait frappé la première fois que je l’avais vue ; mais elle me regardait avec des yeux si tristes et elle se tordit les mains avec le geste d’une affliction si vraie, que je fus plutôt favorablement disposé pour elle.

« — Miss Mowcher, » lui demandai-je, « qui vous amène ici ?

» — Je vous ai suivi dans la rue, » répondit-elle, « et je n’ai pu vous atteindre… Je voulais vous parler de ce qui vous cause un si vif chagrin, un chagrin que je partage… Cela vous étonne, je le vois : les voilà bien tous ! Comme les autres, vous ne croyez pas qu’une pauvre naine comme moi puisse être susceptible d’un sentiment naturel ; je ne suis qu’un jouet dont on s’amuse et qui est aussi insensible qu’une poupée, n’est-ce pas ?

» — Je suis loin de penser ainsi, » lui répondis-je ; « je ne suis surpris que de votre visite, vous ayant vue si peu et avec…

» — Ah ! Monsieur, » dit-elle, « justement vous m’avez vue avec votre perfide ami et vous vous souvenez de mes paroles légères. Eh ! croyez-vous que lui ou d’autres auraient