Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/381

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Elle s’adressa alors à moi, avec son air plus réservé, pour me dire qu’il était inutile qu’elle en entendît davantage, et qu’elle me priait de mettre fin à l’entrevue. Elle se levait avec un air digne pour se retirer ; mais M. Peggoty dit qu’elle pouvait rester, et, se dirigeant lui-même vers la porte :

« — Ne craignez pas que je sois importun ici, Madame… Je n’ai plus rien à dire… J’étais venu sans espoir, et sans espoir je m’en vais. J’ai fait ce que je croyais convenable de faire, mais je n’attendais rien de bon d’une maison qui a été si funeste pour moi et les miens ! »

Là-dessus nous partîmes, laissant Mrs Steerforth debout près de son fauteuil, sobre et belle statue dans son silence.

Nous avions à traverser un vestibule dallé qui prenait jour par un toit en châssis vitré sur lequel couraient les rameaux d’un cep de vigne alors couvert de pampres : ce vestibule conduisait au jardin. Rosa Dartle, je ne sais par quel détour, s’y glissa en même temps que nous, et m’arrêtant :

« — C’est bien à vous, » me dit-elle, « d’avoir amené cet homme ici ! »

Il y avait dans sa physionomie une telle concentration de sombre rage et de dédain,