Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/383

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« moi, faire injure à ces gens-là ! Je voudrais voir fouetter cette fille publiquement. »

M. Peggoty franchit la porte du jardin sans prononcer un mot.

« — Honte ! honte ! Miss Dartle, » dis-je indigné ; « comment pouvez-vous fouler aux pieds une affliction si peu méritée !

» — Je les foulerais tous aux pieds, » répondit-elle ; « je voudrais que la maison de cet homme fût rasée ; je voudrais que cette fille fût marquée d’un fer rouge, vêtue de haillons et jetée à la rue pour y mendier ou y mourir de faim. Si j’étais son juge, telle serait ma sentence ; si je savais où la trouver, j’irais pour la traiter d’infâme. Si je pouvais la poursuivre jusqu’au bord de sa tombe, je l’y poursuivrais ; si je savais une parole capable de la consoler à sa dernière heure, j’aimerais mieux mourir moi-même que de la prononcer ! »

La véhémence de cette malédiction ne saurait donner qu’une faible idée de la colère qui la possédait et qui éclatait dans le tremblement de toute sa personne comme dans l’accent de sa voix, quoiqu’elle parlât plus bas que son ton habituel. J’ai vu la colère sous plus d’une forme, mais jamais sous une forme pareille.