Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/398

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Mills sourit et nous regarda avec un air de sagesse et de bienveillance suprêmes.

« — Miss Murdstone est la plus désagréable créature que je connaisse, » dit Dora ; « vous ne sauriez croire, Julia, jusqu’à quel point elle est revêche et provoquante !

» — Je puis très bien le croire, ma chère, » dit Julia.

« — J’oubliais, » reprit Dora en posant sa main sur celle de Julia, « que vous pouviez, en effet, très bien le croire. »

Je devinai déjà que Miss Julia Mills avait eu ses épreuves dans le cours d’une vie romanesque, et qu’à ces épreuves je devais attribuer son indulgence bienveillante et sa sagesse suprême. Je sus qu’en effet, trompée dans ses affections, elle s’était retirée de la lutte du monde avec une expérience précoce et une tendre sympathie pour les espérances déçues et les éphémères amours de la jeunesse.

En ce moment, M. Spenlow sortit de la maison, et Dora alla à sa rencontre, disant : « Regardez, mon père, quelles admirables fleurs ! » Miss Julia Mills de sourire mélancoliquement, comme si elle se fût dit en elle-même : « Allez, papillons printaniers, jouissez de votre rapide existence pendant le bril-