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Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/403

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Dora me laissa faire. Je baisai aussi la main de Miss Julia Mills et il me semblait que nous montions tous les trois au septième ciel.

Nous n’en redescendîmes pas, — nous y restâmes toute la soirée. Et d’abord nous nous promenâmes çà et là sous les arbres, Dora appuyée timidement sur mon bras, et Dieu sait si, en souhaitant d’être voué à l’immortalité bienheureuse d’errer ainsi avec Dora et son amie, je faisais un vœu aussi fou qu’il peut le paraître.

Mais beaucoup trop tôt nous entendîmes les rires et les cris joyeux des dames qui appelaient Dora : — « Où est Dora ? » Nous retournâmes donc sur nos pas et l’on pria Dora de chanter. Favoris-Roux voulait aller chercher la guitare dans la voiture ; mais Dora lui dit qu’il n’y avait que moi qui savais où elle était. Favoris-Roux fut complètement battu : j’allai chercher la guitare que je tirai de son étui : je l’apportai ; je m’assis à côté de Dora, je lui tins son mouchoir et ses gants, je m’enivrai des accents de sa voix chérie, et elle chanta pour moi seul, quoique tous les autres l’applaudirent tant qu’ils voulurent.

J’étais heureux ; je l’étais trop pour ne pas craindre que ce fût un songe, pour ne pas