Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/404

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

m’attendre à m’éveiller soudain dans ma rue de Buckingham et à entendre les tasses à thé s’entrechoquer sous les mains de Mrs Crupp. Cependant Dora chanta encore ; d’autres chantèrent ; Miss Julia Mills chanta une romance sur les échos assoupis dans la grotte de la Mémoire… comme si elle était âgée de cent ans… Le jour finit ; nous prîmes le thé sur l’herbe, un thé à la bohémienne, et j’étais encore le plus fortuné des mortels, lorsque chacun se dispersa, y compris Favoris-Roux vaincu ; nous reprîmes, nous, le chemin de Norwood avec la fraîcheur de la soirée, à la clarté mourante du soleil et en respirant les premiers parfums de la nuit. M. Spenlow sommeillait volontiers après avoir bu du Champagne… (Honneur au sol où crut la vigne, au soleil qui mûrit le raisin, à la grappe qui fit le vin, au marchand qui le composa !) M. Spenlow s’étant donc endormi dans un des coins de la voiture, je trottai à la portière et causai avec Dora ; elle admirait mon cheval et le caressait de la main. Ah ! quelle jolie main sur le cou d’un coursier ! Son châle ne tenait pas sur ses épaules ; donc, de temps en temps je le ramenais autour d’elle avec mon bras, et je m’imaginai que Jip, commençant à comprendre ce