Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/410

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je pris la mesure du doigt de Dora pour lui faire faire une bague qui devait se composer de ne m’oubliez pas en pierres bleues, et que le joaillier me fit payer ce qu’il voulut, ayant deviné en riant à quel usage je la destinais ; bague tellement associée dans mon souvenir à la main de Dora, que hier, en voyant une bague semblable au doigt de ma fille, j’ai éprouvé un serrement de cœur ;

Quand, fier de mon secret, je ne marchais plus, croyant avoir des ailes et voler par dessus les mortels qui rampaient sur la terre ;

Quand nous avions nos rendez-vous dans le jardin du square, assis sous le berceau de feuillage et entourés de moineaux, que j’aime depuis ce temps-là et que j’admire, comme si les plumes couleur de suie des moineaux de Londres égalaient en éclat celles des oiseaux du tropique ;

Quand nous eûmes notre première grande querelle (une semaine après nos secrètes fiançailles) et quand Dora me renvoya la bague dans un billet où elle disait, empruntant cette phrase au poète : « Notre amour a commencé par la folie et fini par la démence. » Citation terrible qui me fit pousser un cri de désespoir ;