Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/422

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À mon retour, ma tante arpentait la chambre, plissant dans ses doigts la frange de sa coiffe de nuit. Je fis chauffer l’ale et préparai la rôtie selon toutes les règles de l’art.

« — Trot, » me dit ma tante après l’avoir goûtée, « l’ale est préférable au vin, moins bilieuse de moitié. »

Probablement je ne lui parus pas être de son avis, car elle ajouta : « — Bah ! bah ! s’il ne nous arrive rien de pire que de l’ale au lieu de vin, tout ira bien ; et à propos, mon cher enfant, malgré mon aversion pour les figures étranges et les noms baroques, j’aime votre Peg… votre Barkis, puisqu’elle a si heureusement changé de nom… vous avez bien raison de lui être attaché. Savez-vous que, pendant que vous étiez sorti avec Dick, la pauvre fille aurait voulu me faire accepter une partie de son argent… parce qu’elle en a trop, disait-elle, la niaise ! »

En appelant Peggoty une niaise, ma tante ne put retenir ses larmes !

« — Quelle ridicule créature ! » poursuivit-elle ; « mais il y a du bon dans cette Barkis ! »

En affectant de rire, elle s’essuyait les yeux, et puis elle passa à un autre sujet :

« — Elle m’a raconté toute votre histoire