Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/425

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Tout cela n’était pas précisément très consolant pour un amoureux enthousiaste ; mais je fus charmé que ma tante eût reçu indirectement ma confidence. Après avoir échangé encore quelques bonnes paroles avec elle, je lui souhaitai le bonsoir et la laissai passer dans ma chambre avec sa coiffe de nuit.

Quelles tristes pensées avant de m’endormir ! « Me voilà donc pauvre aux yeux de M. Spenlow, » me disais-je, « et forcé de délier Dora de son engagement ; puisque je n’ai plus devant moi la perspective que j’avais quand je lui déclarai ma passion ! Supposons qu’elle soit indifférente à ce changement de fortune, comment vivre d’ici à la fin de mon stage ? comment venir au secours de ma tante ? comment avoir quelques guinées de côté pour m’habiller convenablement, continuer à offrir quelques petits cadeaux à Dora ? etc. etc. »

Le sommeil vint enfin ; mais quels rêves ! Je me vis déguenillé, allant à la porte de Dora vendre des allumettes à un penny les six paquets, et puis me rendant à l’étude en habit râpé, sans savoir que répondre à M. Spenlow qui me reprochait de faire honte à sa clientèle par mon costume ; je me vis ramassant les miettes du pain sec que le vieux