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Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/424

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cre qu’on admire à travers la vitre chez les confiseurs ?

» — Oui, nous sommes jeunes et inexpérimentés, ma tante, je le sais, » lui dis-je nullement fâché d’une plaisanterie qui exprimait une tendre compassion pour ma jeunesse ; mais nous nous aimons sincèrement, et si je pouvais penser que je cesserai jamais d’aimer Dora ou que Dora cessera de m’aimer, je crois que je perdrais la raison.

» — Ah ! Trot, » dit ma tante secouant la tête et souriant gravement, « aveugle, aveugle, aveugle !… Je connais quelqu’un qui, quoique d’un caractère trop flexible, a une sincérité d’affection qui me rappelle sa pauvre mère.

» — Ah ! si vous connaissiez, ma tante, la sincérité de Dora.

» — Aveugle, aveugle ! » répéta ma tante ; « et cependant » ajouta-t-elle, « je ne veux pas troubler la sécurité de deux jeunes cœurs, quoique ces attachements du premier âge finissent souvent par s’évanouir en fumée… Allons, je ne veux pas vous affliger, je consens à en parler sérieusement et à espérer que nous aurons, tôt ou tard, un dénouement heureux à notre roman… mais nous avons du temps devant nous… »