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Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/435

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J’examinais Agnès pendant qu’elle prononçait ces derniers mots et je ne pus découvrir dans sa physionomie aucun soupçon des desseins d’Uriah sur elle. Ses yeux rencontrèrent les miens avec toute la beauté de leur innocence et de leur franchise.

« — Leur présence dans la maison me gêne, » reprit Agnès, « surtout parce qu’elle me prive d’être avec mon père et de veiller sur lui autant que je le voudrais… Uriah Heep est toujours entre nous ; mais, si quelque fraude se tramait, j’espère que la véritable affection et la sincérité finiront par être plus fortes qu’aucun méchant complot. »

À ces mots s’évanouit le céleste sourire que je n’ai jamais vu, j’aime à le répéter souvent, que sur la douce physionomie d’Agnès ; et, comme nous entrions dans ma rue, elle me demanda si je savais ce qui avait causé les revers de fortune de ma tante. Je lui répondis qu’elle ne me l’avait pas encore révélé ; Agnès devint pensive et je crus sentir trembler le bras qui s’appuyait sur le mien.

Nous trouvâmes ma tante seule, dans une certaine émotion. Une différence d’opinions avait éclaté entre elle et Mrs Crupp sur une question abstraite (à savoir s’il était conve-