Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/442

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une heure ou deux à causer de notre vie heureuse de Cantorbéry. M. Wickfield, rendu à la seule influence d’Agnès, redevint lui-même, malgré un reste de mélancolie qu’il ne dissimula pas, répétant plusieurs fois avec un soupir : « Plût au ciel qu’il fût possible de nous ramener au passé ! » J’accompagnai le père et la fille à l’hôtel de Londres où ils étaient descendus, et où, nouveau bonheur, Uriah, retenu par ses affaires, ne put les rejoindre que fort tard dans la soirée, après que nous eûmes dîné tous les trois ensemble ; ah ! quels tendres soins Agnès prenait de son père ! quels conseils elle me donnait ? avec quelle modeste confiance elle me confirmait dans mes bonnes résolutions ! Quel exemple surtout pour la faiblesse de mon caractère, dans sa résignation si ferme et si douce ! Ici encore, j’aime à le proclamer, si j’ai fait un peu de bien dans ma vie, si j’ai pu donner quelques preuves de courage et de patience, à Agnès, à Agnès seule en doit revenir tout le mérite.

Pendant que M. Wickfield faisait un léger somme sur le sopha après le dîner, nous eûmes un délicieux tête-à-tête dans l’embrasure de la fenêtre. Là, comme Agnès me parla de Dora ! comme elle m’écoutait lui vantant ses