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paration, en demandant à Dora si elle pouvait aimer un pauvre.

À cette brusque question, Dora tressaillit. Ce mot de pauvre représentait à son imagination un estropié au teint jaune, s’appuyant sur une béquille ou ayant une jambe de bois, — un aveugle conduit par son chien, ou toute autre espèce de mendiant. Elle me regarda avec l’air le plus charmant d’une agréable surprise.

« — Quelle folie ! » me dit-elle. « Pourquoi me demander si j’aimerais un pauvre ?

» — Dora, ma bien-aimée, je suis un pauvre !

» — Perdez-vous la tête ? » répliqua-t-elle en me donnant une petite tape sur la main. « Quelles sottes histoires me contez-vous là ? Je vais vous faire mordre par Jip. »

Son enfantillage était la plus délicieuse chose du monde ; mais il fallait être explicite, et je répétai avec solennité :

« — Dora, âme de ma vie, je suis toujours votre David, mais ruiné.

» — Je déclare, » dit-elle en secouant ses jolies boucles de cheveux, « que je vous fais mordre par Jip si vous continuez ce jeu ridicule. »

Je pris un visage si soucieux, que Dora, ces-