Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/459

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quoique je les eusse méditées nuit et jour depuis le moment où ma tante m’avait révélé son revers de fortune.

« — Votre cœur est-il toujours à moi, chère Dora ? » lui demandai-je avec transport, sentant bien qu’il était à moi en effet, Dora restant dans mes bras, éplorée, mais tendre.

« — Oh ! oui, » s’écria-t-elle ; « oui, tout à vous, toujours ! Ne soyez pas si effrayant !… »

Moi effrayant ! effrayant pour Dora !

« — Ne me parlez pas d’être pauvre et de vous excéder de travail ! je vous en supplie, » poursuivit-elle sans cesser d’appuyer sa tête sur mon épaule.

« — Ma bien chérie, » dis-je, « le pain sec bien gagné…

» — Oui, oui, je le sais, » reprit-elle en m’interrompant ; « mais ne parlons plus de pain sec. Il faut que Jip ait tous les jours sa côtelette à midi, ou il mourrait. »

Comment ne pas être ravi de ce charmant enfantillage. J’expliquai à Dora que Jip aurait régulièrement sa côtelette. Je fis un tableau de notre ménage frugal, entretenu par mon travail quotidien, et je n’oubliai pas d’esquisser le petit cottage de Highgate, avec une chambre pour ma tante.