Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/463

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Miss Julia Mills était réellement née notre providence. Quand je l’eus mise au fait en quelques mots, elle consola Dora, la força de ne plus voir en moi ni un pauvre, ni tout autre personnage de sa romanesque et enfantine imagination. Elle entra dans mes idées de sentimentale retraite, approuva beaucoup le cottage, et dit comme moi que l’amour fidèle pourrait en faire le plus brillant des palais.

J’osai alors soumettre à Miss Julia Mills mes autres suggestions sur la tenue de ménage, sur le livre de cuisine, etc.

Après un moment de réflexion sérieuse, Miss Julia Mills s’exprima en ces termes :

« — Monsieur Copperfield, je serai franche avec vous, aussi franche que le serait une prieure cloîtrée depuis des années ; car il est des natures chez lesquelles la douleur morale et les épreuves de la vie remplacent les leçons de l’âge. Non, ce que vous avez suggéré ne saurait convenir à notre Dora. Notre bien-aimée Dora est un enfant favori de la nature : elle est tout air, lumière et bonheur. Je dois vous avouer que, si la chose était possible, ce serait parfait, mais… » et elle secoua la tête au lieu d’achever sa phrase.

Je regardais Dora… qui me parut, en effet,