Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/54

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Pour rendre ses visites plus agréables, ma tante lui avait ouvert un crédit dans une boutique dont la marchande était prévenue qu’il ne devait jamais aller au-delà d’un shelling par jour. Une précaution semblable bornait le compte de sa dépense à l’auberge où il passait la nuit, et j’en conclus que M. Dick avait le droit d’avoir son gousset bien garni, mais non de dépenser cet argent qu’il était si fier de faire résonner. Ma tante réglait son budget en comptable sévère, et comme il n’avait aucune idée de la tromper, ses finances étaient réellement inépuisables. Sur ce chapitre, comme sur toutes les matières en général, M. Dick était convaincu que ma tante était la plus sage et la plus étonnante des femmes. Je ne sus donc que penser, lorsqu’un mercredi soir, il me dit à part, avec un air de mystère confidentiel :

« — Mon cher Trotwood, que peut être l’homme qui se cache près de notre maison et fait peur à votre tante ?

» — Qui fait peur à ma tante ?

» — Oui ; je croyais que rien ne pouvait lui faire peur ; car, vous le savez, elle est la plus sage et la plus étonnante des femmes. La première fois que cet homme vint, » poursuivit