Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/60

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Docteur souriant à son auditeur, et celui-ci, à la fois fier, modeste, sérieux et charmé devant l’oracle.

Quant à moi, je sentais mon affection pour M. Dick croître avec les années. Il est vrai que, quoique ma tante l’eût nommé mon tuteur conjointement avec elle, peu à peu les rôles furent intervertis ; il me consultait volontiers et suivait mes avis, persuadé qu’un neveu de ma merveilleuse tante ne pouvait pas être un esprit ordinaire.

Un jeudi matin, au moment où je venais d’accompagner M. Dick jusqu’au bureau de la diligence, je rencontrai Uriah dans la rue. Il me rappela que je lui avais promis d’aller prendre le thé avec lui et sa mère. « Mais, » ajouta-t-il, « Monsieur Copperfield, je n’espère pas que vous teniez parole… nous sommes dans une condition si humble. »

Je ne savais pas réellement encore si j’aimais ou si je détestais Uriah ; mais il m’était pénible de passer pour être fier, et je m’engageai pour cette soirée même, pourvu que M. Wickfield y consentît, ce dont je ne doutais guère.

Aussi, à six heures, voyant Uriah quitter l’étude un peu plus tôt que de coutume, je lui