Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/67

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blement sensible à l’honneur qui lui était fait, M. Micawber enchanté de protéger Uriah : mais le samedi je fus bien plus surpris en apprenant à table, de M. Micawber lui-même, qu’il avait passé la soirée chez Uriah Heep et y avait dégusté une excellente eau-de-vie.

« — Je vous dirai, » ajouta M. Micawber, « que votre ami Uriah Heep est un jeune homme qui pourrait être procureur-général ; oui, mon cher Copperfield, si j’avais connu ce jeune homme à l’époque de la crise de mes affaires, je crois que mes créanciers auraient été mieux traités qu’ils ne le furent. »

Je n’osai ni demander l’explication de ce moyen de contenter des créanciers, ni dire à M. Micawber que j’espérais qu’il n’avait pas été trop communicatif, ni m’informer s’ils avaient beaucoup parlé de moi. J’eus peur de blesser les sentiments de M. Micawber ou, à tout événement, ceux de Mrs Micawber, qui était très susceptible ; mais j’éprouvais une véritable inquiétude et j’y songeai souvent par la suite.

Nous eûmes un joli petit dîner, composé d’un élégant plat de poisson, d’un rôti de veau, de saucisses à la poële, d’un perdreau et d’un pouding, le tout arrosé de bière et de vin,