Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/7

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pendit la partie et refusa de la reprendre. Heureusement, ma tante me dit : « Trot, vous viendrez quelquefois à Douvres, le samedi soir, pour y passer le dimanche, et M. Dick, de son côté, pourra quelquefois aller vous voir le mercredi. » Cette promesse le fit revivre. Il promit de fabriquer un second cerf-volant pour ces occasions-là, un cerf-volant plus grandiose encore que le premier. Cependant, le lendemain matin, M. Dick se leva fort triste en pensant à notre séparation. Il eût voulu au moins me prouver l’intérêt que je lui inspirais en me donnant tout son argent, et il l’eût fait si ma tante ne s’y était opposée en bornant le don à cinq shellings ; mais, à force de sollicitations, M. Dick obtint de les porter à dix. Nous nous fîmes les adieux les plus affectueux au seuil de la grille, et M. Dick ne rentra que lorsqu’il eut perdu de vue la voiture qui m’emmenait.

C’était ma tante qui conduisait elle-même. Parfaitement indifférente à l’opinion publique et tenant les rênes d’une main sûre, l’œil alerte et attentif, droite et raide comme un cocher de prince, elle traversa les rues principales de Douvres. Le poney s’aperçut qu’il ne fallait pas broncher ni avoir des caprices avec elle. Sur la grande route, cependant, elle le laissa