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CHAPITRE IV.

Tableau rétrospectif.


Ma vie d’écolier ! comment remonter le cours de cette période heureuse ? Je retrouve encore le lit où coulait l’onde, mais la source est tarie, et les feuilles d’automne, tombées des arbres, l’encombrent peu à peu jusqu’aux bords.

C’est aujourd’hui dimanche : nous nous sommes réunis au pensionnat pour nous rendre tous ensemble à la cathédrale, et j’occupe ma place accoutumée. Dans cette auguste enceinte, nous voici sevrés de toutes les sensations du monde ; l’orgue remplit de son harmonie grave le chœur, la nef et les galeries : cette musique me plonge dans une rêverie qui n’appartient ni à la veille ni au sommeil ; sous sa magique influence, le passé semble renaître comme un songe.

Je ne suis plus l’écolier le moins avancé de ma classe. En quelques mois j’ai fait de rapides progrès ; mais je ne suis pas encore le premier : entre le premier et moi est un immense intervalle ; le premier me semble bien loin au-dessus de moi à une hauteur que je désespère d’atteindre. Vainement Agnès dit que je