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Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/75

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L’ombre d’un jeune boucher se dresse tout-à-coup, comme l’apparition de la tête armée dans Macbeth. Quel est ce jeune boucher ? Il est la terreur des garçons de Cantorbéry. Le bruit court que la graisse de bœuf dont il oint ses cheveux lui a donné la force de Samson, et qu’il pourrait défier un homme.

C’est un jeune boucher à large face, aux joues rubicondes, au cou de taureau, à l’esprit mal fait, à la langue outrageante. Cette langue lui sert surtout à mépriser les élèves du Dr Strong. Il dit publiquement que s’ils ont besoin d’une leçon, il est en état de la leur donner. Il désigne quelques-uns d’entre eux nominalement (moi compris), qu’il se fait fort de retourner avec une seule main, en s’attachant l’autre derrière le dos. S’il surprend quelques-uns des moins grands, il leur administre des taloches et m’envoie par eux d’insolents défis. C’en est assez pour me décider à accepter le combat.

C’est un soir d’été : le duel a lieu au pied d’une vieille muraille, hors la ville, dans le creux d’un ancien fossé que le gazon tapisse, et où le rendez-vous a été donné. J’y suis arrivé, accompagné de mes témoins, qui sont quatre de mes condisciples : le boucher a