Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/74

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drait bien que je cessasse de la regarder et qu’elle a avoué sa préférence en faveur de M. Jones !… Jones ! Quel est donc le mérite de ce Jones ? Aucun ! Le gouffre s’agrandit entre nous. Enfin, un jour, je rencontre la pension des demoiselles Nottingalls à la promenade, et Miss Shepherd me fait la grimace avec un air moqueur. Tout est fini ; j’ai perdu toute une vie de dévouement. Je ne sais de combien de mois se composait ce qui me semblait toute une vie : Miss Shepherd est exclue de l’office des dimanches et ne fait plus partie de la famille royale.

Je suis un des premiers dans ma classe et ambitieux de science ; aucune Miss ne trouble mon repos. Je ne suis plus si poli envers les pensionnaires des demoiselles Nottingalls : seraient-elles deux fois plus nombreuses et deux fois plus jolies, elles ne me rendraient plus amoureux. Je trouve l’école de danse insipide et me demande pourquoi il faut des cavaliers aux demoiselles qui la fréquentent. Je suis fort en vers latins et néglige les lacets de mes brodequins. Le Dr  Strong m’a cité tout haut comme un écolier qui donne de grandes espérances. M. Dick est ivre de joie, et ma tante m’a envoyé une guinée pour me témoigner la sienne.