Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/105

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vait faire tout ce qui est essentiel dans la vie domestique avec bien d’autres choses encore. Âgée de vingt-cinq ans à peine, agréable de figure, quoique sérieuse et sujette à une espèce d’éruption scarlatine à peu près perpétuelle, surtout sur les bras, elle avait un cousin, soldat aux gardes, avec de si longues jambes qu’il semblait s’allonger comme l’ombre que le corps projette le soir : sa veste de petit uniforme était aussi courte pour lui qu’il était lui-même trop grand pour notre domicile, car le cottage se rétrécissait tout-à-coup par la disproportion de sa haute taille, d’autant plus que les murailles et les cloisons de notre intérieur n’étant pas épaisses, s’il venait passer la soirée avec Marianne, nous en étions avertis par le grondement du géant dans la cuisine.

Notre trésor de cuisinière était garantie sobre et honnête : si donc nous la trouvions parfois étendue sous la marmite, il fallait bien croire que c’était un accès de vertige causé par la vapeur du charbon, — et, si quelques cuillers à thé manquaient de temps en temps, que le voleur était le balayeur de la rue. Mais elle troubla cruellement notre repos. Nous sentions notre inexpérience et ne pou-