Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/107

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« — Et pourquoi ? » repris-je tendrement,

« — Oh ! parce que je suis vraiment une petite oie, et que Marianne le sait. » Il me sembla que cet aveu modeste était incompatible avec la nécessité d’en imposer un peu à Marianne, et je fronçai le sourcil.

« — Oh ! quelle vilaine ride j’aperçois sur le front de mon méchant garçon ! » s’écria Dora, et comme elle était encore sur mon genou, elle porta son crayon à ses lèvres de rose pour le faire mieux marquer, puis se mit à corriger les traits de mon visage, se disant un artiste incomparable pour modifier une physionomie : bref, elle m’amusa en dépit de moi-même.

« — À la bonne heure, » dit Dora, « voilà un bon garçon : je voudrais que vous puissiez vous voir… rien ne vous rend gentil comme de rire. 

» — Mais, mon amie, » répondis-je à ce compliment…

« — Non, non ! » s’écria Dora après m’avoir embrassé, « ne soyez pas un méchant Barbe-Bleue, laissez-là vos airs sérieux. 

» — Ma femme adorée, » dis-je, « il faut bien être sérieux quelquefois. Allons, asseyez-vous sur cette chaise, tout près de moi : donnez-moi le crayon ; là, très bien ! parlons à