Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/108

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présent en gens sensés. Savez-vous, ma chérie… (je lui pris la main… et quelle jolie petite main ! comme l’anneau de mariage allait bien à son joli petit doigt !) Savez-vous, ma chérie, que ce n’est pas tout-à-fait agréable de sortir de chez soi sans avoir dîné. Voyons, est-ce agréable ?

» — N… n… non, » répondit Dora tremblante.

« — Mon amour, comme vous tremblez ?

» — Parce que je sais que vous allez me gronder, » s’écria Dora d’une voix piteuse.

« — Mon amie, je vais parler raison.

» — Oh ! mais parler raison est pire que gronder ! » s’écria-t-elle au désespoir. « Je ne me suis pas mariée pour m’entendre parler raison. Si vous aviez l’intention de parler raison à une pauvre enfant comme moi, vous auriez dû me le dire, cruel que vous êtes ! »

J’essayai d’apaiser Dora ; mais elle détourna la tête et me répéta tant de fois : « Cruel que vous êtes ! » que, ne sachant plus comment faire, je me levai et fis quelques tours dans la chambre avant de revenir à elle :

« — Dora, ma bien-aimée !

» — Non, je ne suis pas votre bien-aimée, parce que vous devez être fâché de m’avoir