Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/115

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enfants abandonnés, et m’embrassa pour ratifier sa bénédiction.

« — Maintenant, » dit-elle, « allumez ma lanterne et conduisez-moi jusqu’à ma loge par le sentier du jardin (car il y avait de ce côté-là une porte de communication entre les deux cottages). Une caresse pour moi à Petite-Fleur quand vous reviendrez, et, quoi qu’il arrive, Trot, ne vous avisez jamais de faire de votre vieille tante un épouvantail ; car si je l’ai bien regardée dans la glace, elle est assez farouche et refrognée comme la nature l’a faite, »

Là-dessus, ma tante noua un mouchoir sous son menton, et je l’escortai jusque chez elle. Je crois bien que de là, en se retournant avec sa lanterne pour m’éclairer jusqu’à nos limites, elle dut me regarder encore avec son air d’inquiétude ; mais je n’y fis pas beaucoup attention, tout préoccupé de ce qu’elle m’avait dit et bien convaincu, pour la première fois, qu’en effet c’était à Dora et à moi de nous créer notre avenir sans le secours de personne.

Dora vint au-devant de moi en pantouffles, me sachant seul : elle pleura sur mon épaule, m’appela un cœur dur, mais s’accusa d’être elle-même une méchante ; puis nous fîmes la