Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/114

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bien de me compromettre, je vous en prie. »

Je compris que ma tante avait raison, et je compris aussi toute l’étendue de sa générosité pour ma femme chérie !

« — Votre mariage date d’hier, Trot, » poursuivit-elle, « et Rome n’a pas été bâtie en un jour ni en une année. Vous avez choisi librement, pour vous-même ! (ici il me sembla qu’un nuage passait sur son visage) et vous avez choisi une jolie et affectueuse créature… C’est votre devoir… — et ce sera votre bonheur aussi, je le sais, je ne vous débite pas un sermon, — de la juger (comme vous l’avez choisie) par les qualités qu’elle a et non par les qualités qu’elle ne peut pas avoir. Pouvez-vous lui donner celles-ci ou les développer en elle, faites-le. Si vous ne le pouvez pas… eh bien ! mon enfant, il faut vous accoutumer à vous en passer. Mais, mon cher ami, souvenez-vous que votre avenir ne dépend que de vous deux. Personne ne peut vous aider ; vous avez à le faire vous-même. Tel est le mariage, Trot, et que le ciel vous bénisse l’un et l’autre, mes chers petits enfants dans les bois. »

Ma tante, en prononçant ces derniers mots, sourit de sa propre allusion à la ballade des