Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/117

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cette malheureuse, ayant rendu son congé nécessaire, elle fut successivement remplacée (toujours avec les intérims de Mrs Kidgerbury) par une liste d’incapacités prises à l’essai, et dont la dernière fut une jeune personne à l’air distingué, qui s’en alla à la foire de Greenwich parée du chapeau de Dora. Celles qui vinrent ensuite n’eurent rien de remarquable dans leur commune médiocrité.

Tout le monde semblait se faire un jeu de nous attraper. Notre entrée dans un magasin était le signal pour étaler sur le comptoir toutes les denrées avariées. Achetions-nous un homard, il était plein d’eau. Toutes nos pièces de viande étaient coriaces et notre pain avait à peine de la croûte. J’avais beau consulter moi-même le Manuel de la Cuisinière bourgeoise pour savoir ce qu’il fallait de temps pour qu’un gigot sortît rôti à point de la broche ou de la rôtissoire, la pratique trahissait sans cesse la théorie, et nous ne pouvions jamais obtenir un juste-milieu entre un gigot saignant et un gigot calciné !

Ce qu’il y avait de pire, c’est que nos dîners manqués nous coûtaient beaucoup plus cher que ne nous auraient coûté les meilleurs dîners du monde. J’étais effrayé des masses de