Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/118

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beurre fondu dont nous avions ou étions supposés avoir arrosé nos légumes ; quant au poivre et aux autres épiceries, ce que j’en payai aurait dû affecter sensiblement le marché des denrées coloniales. Eh bien ! nous n’avions jamais la moindre provision à la maison !

Je présume qu’il est arrivé à bien d’autres que nous de voir entrer la blanchisseuse en pleurs pour s’excuser d’avoir porté au préteur sur gages le linge qu’elle aurait dû nous rendre depuis quinze jours. Le feu mis à la cheminée de la cuisine et l’invasion des pompiers, ce sont encore là des accidents de tout ménage ; mais ce qu’il y eut de cruel, ce fut d’apprendre un jour que Mrs Copperfield… Dora, ma céleste Dora, avait envoyé chercher par sa cuisinière je ne sais combien de bouteilles de rhum et d’eau-de-vie au cabaret voisin pour son usage particulier… Je soldai cette dette, trop heureux que, pour la réputation de ma femme, la servante avouât que c’était une autre que Dora qui avait consommé ces liquides alcooliques.

Un de mes premiers exploits dans l’art de tenir maison, fut un petit dîner offert à Traddles, qui l’avait accepté avec la pensée de