Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/129

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comme si Jip les comprenait et pouvait en rire avec elle, son triomphe enfin, quand elle m’apportait une belle page sans faute ni rature, qu’elle signait de tous ses noms pour constater sa collaboration ! Ce sont là des souvenirs bien simples et bien naïfs peur d’autres, sans doute ; mais qu’ils sont touchants pour moi !

Je ne dois pas oublier d’ajouter que Dora imagina aussi de réunir toutes nos clefs en un trousseau qu’elle attachait à sa ceinture : il était rare que les armoires auxquelles appartenaient ces clefs fussent fermées, et, à vrai dire, c’était là un joujou pour Jip sinon pour sa maîtresse elle-même ; mais, si ce semblant de précaution, et de surveillance amusait Dora, pourquoi n’en aurais-je pas été amusé avec elle ? nous jouions donc ensemble au ménage comme deux enfants.

Dora n’était guère moins affectueuse pour ma tante que pour moi, et elle lui avouait quelquefois qu’elle avait eu d’abord peur d’elle. De son côté, ma tante se prêtait de grand cœur à tous ses charmants caprices. Elle faisait la cour à Jip… à l’ingrat Jip, qui ne la payait pas de retour ; ma tante ne se lassait pas d’écouter la guitare, quoique