Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/139

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lutins que les fées imposaient à une maison, en le substituant à l’héritier des maîtres. Ayant conscience de son malheureux abandon, il se frottait sans cesse les yeux avec la manche de sa veste ou se mouchait avec le coin d’un petit mouchoir qu’il ne tirait jamais complètement de sa poche.

Ce malencontreux page, engagé à notre service à raison de six livres sterling par an, fut pour moi une source continuelle d’ennuis. Je le voyais croître et grandir ; — il croissait et grandissait avec la rapidité d’un pied de haricots rouges ; — prévoyant tristement le temps où il commencerait à se raser… ou même celui où il serait devenu chauve, je ne voyais aucune chance de m’en débarrasser, et j’anticipais en imagination sur les inconvénients que nous causerait sa vieillesse.

Enfin, il vola un jour la montre d’or de Dora, qui, comme tout ce qui nous appartenait, n’était jamais où elle aurait dû être. La montre fut convertie en argent et dépensée à parcourir la route de Londres à Uxbridge sur les impériales des voitures publiques, Notre jeune voleur n’était pas une tête forte ; il fut arrêté à son quinzième voyage et conduit au tribunal de police, où l’on trouva sur lui