Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/17

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Installé sur ma chaise de l’étude, devant le pupitre, je me cachai le visage dans mes deux mains, et, ne voyant ni le vieux Tiffey, ni les autres clercs, je restai une heure entière absorbé par le sentiment de la catastrophe qui venait de m’assaillir si soudainement. Je maudis encore Jip ; mais bientôt la situation de Dora me tourmenta à un tel point et si exclusivement, que je ne sais comment je fis pour ne pas courir en vrai fou jusqu’à Norwood. Je n’échappai quelques moments à cette torture qu’en écrivant une lettre délirante à M. Spenlow, pour le supplier de ne pas punir sa fille de ma malheureuse destinée. Je lui représentais la frêle nature de Dora… pauvre cœur qu’un coup trop dur pouvait anéantir… Bref, autant que je puis me souvenir de cette lettre, je m’adressai à M. Spenlow, comme si, au lieu d’être son père, il eût été un ogre ou le fameux dragon de Wantley. Je cachetai mon épître et la déposai sur son bureau avant qu’il fût rentré. Je le vis ensuite, à travers la porte entrebâillée de son cabinet, qui l’ouvrait et la lisait.

Il ne m’en parla que le soir ; avant de quitter l’étude, il m’appela pour me dire que je ne devais pas m’inquiéter du bonheur de sa fille. « Je l’ai assurée, » ajouta-t-il, « que tout cela