Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/16

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vous donne une semaine, et j’espère que vous ne me réduirez pas à prendre, contre ma fille, des précautions qui coûteraient à mon cœur de père, mais qui me seraient dictées par le devoir et la raison. Je regarde tout ce qui s’est passé comme un enfantillage ; avant peu, cette folie de deux enfants sera oubliée comme un rêve ; mais, s’il en était autrement, je vous préviens que rien ne m’empêcherait d’en prévenir les conséquences en changeant les articles testamentaires qui laissent après moi, à ma fille, la libre disposition de ma fortune. Ceci est grave, M. Copperfield : j’aime à croire que vous y penserez sérieusement. »

Il y avait dans cette déclaration une sérénité si digne, une résignation si touchante, que je fus réellement affecté ; je ne pus donc refuser de réfléchir pendant une semaine, et me retirai avec l’expression d’un amour désolé et d’une constance au désespoir qui auraient dû aussi faire impression Sur un père ; mais, en me retirant, je ne vis que le regard de cette sombre et maligne Miss Murdstone qui me suivit jusqu’à la porte, et ce regard me rappela les cruelles humiliations que me valaient les leçons de son frère dans notre salon de Blunderstone.