Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/170

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À l’hôtel où M. Micawber nous avait donné rendez-vous et où nous eûmes quelque peine à nous faire admettre au milieu de la nuit, nous trouvâmes une lettre à mon nom, par laquelle il nous annonçait qu’il ferait son apparition le matin ponctuellement, à neuf heures et demie. Après l’avoir lue, nous montâmes dans nos chambres respectives.

Le matin, je me levai avec le jour et allai parcourir les antiques et paisibles rues de cette ville chère à mon enfance. Les grolles voltigeaient d’une tour de la cathédrale à l’autre et faisaient encore mieux ressortir la grandeur solitaire du monument qui domine, depuis des siècles, le paysage pastoral de la contrée à la distance de plusieurs milles. La paix du monument associée à celle de la campagne où j’égarai aussi mes pas et les douces impressions de l’air du matin, me procurèrent une de ces rêveries qui renouent pour nous la chaîne d’un passé déjà loin, comme si j’étais encore l’écolier du Dr Strong, l’hôte de la maison gothique, attendant que la cloche annonçât l’heure de l’étude ou celle de la récréation ; mais justement ce fut la voix de l’airain qui interrompit ce songe et me rappela vers la ville. Je rentrai à l’auberge avant que les