Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/182

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rance ne produisait aucune impression sur nous, s’assit, les mains dans les poches, en homme qui affecte d’être prêt à tout.

Mais Micawber, dont j’avais à grand’peine contenu jusques alors l’impétuosité, s’avança à son tour. Sa règle d’une main, sans doute comme arme défensive, il prit dans l’autre un document sous une large enveloppe qu’il ouvrit, et l’ayant parcouru des yeux, en artiste qui est très disposé à admirer le style de sa composition, il le débita solennellement :

« — Chère Miss Trotwood, et Messieurs… 

» — Que le ciel le bénisse ! » remarqua ma tante à demi-voix ; « il écrirait des rames de lettres, s’il s’agissait d’un crime qui conduit à la peine capitale. »

M. Micawber n’entendit pas la remarque et continua :

« — En comparaissant devant vous pour dévoiler le plus consommé scélérat qui ait jamais existé… »

M. Micawber, les yeux sur son manuscrit, indiquait Uriah avec la règle, semblable au spectre fantastique de l’Ombre dans Hamlet.

« — Je ne réclame aucun égard pour moi-même. Victime depuis mon berceau d’obligations pécuniaires qu’il m’a été impossible d’a-