Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/181

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» — Mais, mon cher Ury… 

» — Retenez votre langue, ma mère, » reprit Uriah, « et laissez-moi faire. »

Quelque suspecte que son humilité m’eût toujours été, je n’eus une juste idée de sa profonde hypocrisie que lorsqu’il se dépouilla tout-à-coup de son masque. Le coquin, se croyant en état de nous braver, ne dissimula plus un seul de ses mauvais instincts ; sa malignité et sa haine s’exaltèrent jusqu’à une audace qui abusait même du sarcasme.

« — Copperfield, » me dit-il, « vous n’êtes pas de force, mon cher ; vous avez encore votre éducation de légiste à compléter, je le vois, si vous croyez qu’il suffit de susciter contre moi les dénonciations de mon clerc… Et puis, est-ce bien agir en gentilhomme, vous, qui vous êtes toujours donné envers moi des airs de grand seigneur, oubliant que je n’ai jamais été comme vous un petit déguenillé des rues : c’est Micawber, il est vrai, qui me l’a-dit ? et vous, dont je sais à peine le nom, Monsieur l’avocat, qui tout à l’heure vouliez en référer à ce drôle de Micawber… allons, voyons, faites-le parler : vous lui aurez, je pense, fait apprendre sa leçon par cœur. »

Uriah s’apercevant que toute cette assu-