Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/198

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mauvais jours de mon jeune âge, celui qui venait de démasquer le misérable Uriah.

La demeure de M. Micawber n’était pas loin, et comme la porte de la rue s’ouvrait dans le salon du rez-de-chaussée et qu’il s’y précipita avec son impétuosité caractéristique, nous nous trouvâmes tout d’un coup au sein de cette famille. M. Micawber se jeta dans les bras de sa femme en criant :

« — Mon Emma ! »

Mrs Micawber le serra sur son cœur en pleurant ; Miss Micawber, qui berçait le dernier-né, fut vivement émue, le fils aîné eut aussi un accès de sensibilité, malgré l’air morose que lui laissait une série de déceptions qui avaient troublé les débuts de son entrée dans le monde. Les deux jumeaux firent leurs démonstrations innocentes, et le dernier-né enfin tendit ses petits bras vers les auteurs de ses jours.

« — Emma, » dit M. Micawber, « le nuage s’est dissipé : mon esprit est lucide et libre. Notre confiance mutuelle est à jamais rétablie. Salut, ô pauvreté ! salut malheur, salut famine, haillons, tempêtes et vie nomade des mendiants ! La confiance mutuelle nous soutiendra jusqu’à la fin ! »

Puis, écartant Mrs Micawber et embrassant