Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/20

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égoïste. Ce fût toujours ainsi, ce sera toujours ainsi ; mais qu’importe ? remarquait-elle, toutes les chaînes dont on veut enchaîner des cœurs se briseront un jour comme fils d’araignées et amour sera vengé.

Faible consolation, sans doute ; mais Miss Julia ne voulait pas encourager de fallacieuses espérances. Elle me rendit encore plus malheureux que je n’étais avant de la voir, et je sentis, (ce que je lui dis avec la plus vive reconnaissance) qu’elle était une véritable amie. Nous décidâmes qu’elle irait trouver Dora le lendemain matin, afin de l’assurer, soit par un signe, soit par une parole, de mon dévouement. Nous nous séparâmes accablés de chagrin, et je crois que Miss Julia Mills était contente d’elle-même, que dis-je ? aussi heureuse qu’elle pouvait l’être.

Je racontai tout à ma tante en rentrant rue Buckingham, et, en dépit de toutes ses remontrances, je me couchai au désespoir, je me levai au désespoir, je sortis au désespoir ; c’était le samedi matin, et je me rendis tout droit à l’étude.

Je fus surpris d’apercevoir, sur le seuil de la porte, les porteurs d’assignations qui parlaient entre eux avec un certain air, et cinq