Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/200

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» — Mon amie, » reprit son mari, « j’ose ajouter que ses intentions sont excellentes ; mais je n’ai pas encore vu qu’il leur ait donné aucune direction. »

L’aîné des jeunes Micawber retrouva son air morose et dit avec une certaine raideur :

« — Mon père, que puis-je faire ? Je ne suis pas plus né un charpentier ou un peintre en carrosses que je ne suis né un oiseau ? Puis-je aller ouvrir une officine d’apothicaire ? Puis-je aller aux assises me proclamer avocat ? Puis-je aller débuter de force à l’Opéra italien ? Que puis-je faire, en un mot, sans l’avoir appris d’abord ? »

Ma tante réfléchit un peu et dit :

« — M. Micawber, je m’étonne que vous n’ayez jamais songé à l’émigration ? 

» — Madame, » répondit M. Micawber, « ce fut le rêve de ma jeunesse et la décevante ambition de mon âge mûr. »

Je suis bien persuadé, soit dit en passant, qu’il n’y avait jamais pensé de sa vie.

« — Eh bien ! » dit ma tante en m’adressant un coup d’œil, « quelle chance ce serait pour vous et vos enfants, si vous émigriez maintenant en Australie, M. et Mrs Micawber !