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CHAPITRE XI.

Un autre tableau rétrospectif.


Il faut que je m’arrête ici encore. Ô ma femme-enfant ! il est parmi ces fantômes qui se pressent en foule devant ma mémoire, une figure douce et paisible qui me dit dans son amour innocent et sa beauté enfantine : « Arrête-toi pour penser à moi… tourne la tête pour contempler la petite fleur au moment où elle tombe et se flétrit sur la terre. »

J’obéis. Toutes les autres images du passé s’effacent et s’évanouissent. Je suis de nouveau avec Dora, dans notre cottage. Je ne sais plus depuis combien de temps elle est malade. J’y suis si accoutumé que je ne puis calculer le temps. Il n’est pas long, réellement, si je récapitule les semaines ou les mois ; mais, en revenant sur ce que j’ai éprouvé et souffert, il a duré, bien duré !

On a cessé de me dire : « Encore quelques jours de patience. » Je commence à craindre, secrètement, que le jour ne viendra plus où je reverrai ma femme-enfant courir au soleil avec son vieil ami Jip.

Jip, presque tout-à-coup, en quelque sorte, est devenu très vieux. C’est peut-être, qu’il ne