Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/225

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années, ma plus haute espérance. Me charger seule de l’avenir sera désormais mon bonheur. 

» — Avez-vous songé aux moyens de pouvoir le faire, Agnès ? » lui demandai-je.

« — Souvent, mon cher Trotwood ; je n’ai aucune crainte et je me sens sûre du succès. Tant de personnes me connaissent ici et ont de la bienveillance pour moi ! Soyez sans inquiétude, nous avons peu de besoins. Si je puis garder notre vieille maison et ouvrir une école, je serai utile et heureuse. »

L’accent à la fois calme et tendre de sa douce voix évoqua pour mon imagination, sous des couleurs si frappantes, d’abord la vieille maison de son père et puis mon toit solitaire, que mon cœur expira sur mes lèvres. Traddles, silencieux comme moi, fit semblant, pour cacher sa propre émotion, d’examiner attentivement les papiers, et puis, s’adressant à ma tante :

« — Parlons maintenant, Miss Trotwood, des fonds qui vous appartenaient. 

» — Tout ce que j’ai à en dire, » répondit ma tante en soupirant, « c’est que, s’ils sont perdus, je puis supporter cette perte, et, s’ils ne sont pas perdus, je serai charmée de les ravoir.