S’il respirait encore, il ne parlait plus, et ce fut en vain qu’on alla quérir le chirurgien le plus voisin, tout secours fut inutile. »
On peut deviner l’impression que me fit un événement si imprévu, qui m’était annoncé sans la moindre préparation, et arrivé à celui avec qui j’avais eu, la veille, une explication si délicate. N’était-ce pas un rêve ? Cette place habituelle où je croyais tout à l’heure le retrouver comme toujours, était-elle réellement vide ? La porte de ce cabinet n’allait-elle pas se rouvrir pour lui ? Mais comment faire comprendre au lecteur l’espèce de jalousie secrète de la mort que je surpris dans les replis profonds de mon cœur ? Je cherchai en vain à repousser ce sentiment de l’égoïste passion qui enviait à celui qui n’était plus, à un père, la douleur de sa fille ; comme si j’avais seul le droit, même en ce moment solennel, d’absorber toutes les pensées de Dora !
Dans ce trouble de mon esprit, qui, j’espère pour mon honneur, n’est pas inconnu à d’autres que moi, je me rendis à Norwood le soir de ce jour-là, et, apprenant d’un des domestiques que Miss Julia Mills y était, je revins à Londres pour dicter à ma tante une lettre par laquelle j’exprimais mes regrets, sincères du