Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/292

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par des passages et des ruelles, au chantier où il travaillait. On m’apprit là qu’il était allé à Lowestoft pour y exécuter quelques travaux de son état, mais qu’il serait de retour le lendemain matin de bonne heure.

Je rentrai alors à mon auberge, où je changeai de linge et essayai de dormir, mais en vain. À cinq heures de l’après-midi, je m’étais assis près du feu dans la salle commune. Le garçon vint tisonner le charbon, cherchant un prétexte pour engager la conversation ; il me dit que deux bâtiments de Newcastle avaient coulé bas à quelques milles de Yarmouth avec leurs équipages, et qu’on signalait d’autres navires dans la rade, luttant encore, mais dont la perte était à peu près certaine :

« — Dieu ait pitié d’eux et de tous les pauvres marins, » ajouta-t-il, « si nous avons une seconde nuit comme la dernière ! »

J’éprouvais un grand accablement, le vide de la solitude, une sorte de vague inquiétude relativement à l’absence de Cham, que je ne m’expliquais pas bien. Mon malheur récent me disposait sans doute à ces accès d’amère tristesse ; mais à mes impressions du passé se mêlait une émotion présente qui, peu à peu, bouleversa l’ordre de mes idées et de mes