Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/296

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blable que quelques-uns des domestiques de l’auberge étaient convenus de veiller ensemble jusqu’au lendemain matin. Je montai pour me coucher, excessivement fatigué et accablé ; mais, à peine étais-je déshabillé, que cette fatigue et cet accablement se dissipèrent comme par magie, et je demeurai éveillé avec toute la vivacité de mes perceptions.

Pendant des heures entières je restai ainsi, écoutant le vent et les vagues, m’imaginant tantôt que j’entendais des cris sur la mer tantôt que je distinguais le bruit d’un canon d’alarme, tantôt la chute de maisons dans la ville. Je me levai plusieurs fois et regardai ; mais je ne pouvais rien voir, excepté sur les vitres de ma fenêtre où j’apercevais les rayonnements de la bougie que j’avais laissée allumée et la réflexion de ma figure égarée se retrouvant seule dans le vide des ténèbres.

Mon agitation finit par s’exaspérer à un tel point, que je me revêtis précipitamment de mes habits et descendis dans la cuisine. Là, à travers les provisions culinaires suspendues aux solives du plafond, j’aperçus les domestiques de la veillée groupés ensemble dans diverses attitudes autour d’une table écartée à des-