Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/311

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dans sa chambre. Au bout de quelques moments, j’étais devant elle.

Sa chambre ! c’était celle de son fils et non la sienne. Je compris tout d’abord qu’elle s’y était installée en souvenir de lui. Là, elle était entourée de tout ce qui rappelait les goûts de son jeune âge, de ses premiers livres et des petits trophées de son adresse à tous les jeux. Toutefois, en me recevant, elle essaya de prétendre à demi-voix qu’elle occupait cette chambre parce qu’elle convenait mieux que la sienne à ses infirmités. Son regard imposant défendait qu’on discutât la vérité.

Derrière son fauteuil, comme d’ordinaire, était debout Rosa Dartle ; du moment où ses yeux noirs se fixèrent sur moi, je vis qu’elle devinait que j’étais porteur d’une mauvaise nouvelle ; sa cicatrice prit sa teinte la plus foncée : elle s’écarta du fauteuil pour tenir son visage hors de l’observation de Mrs Steerforth, et m’examina avec ce regard scrutateur que rien n’intimidait.

« — Je remarque avec peine, Monsieur, que vous êtes en deuil, » dit Mrs Steerforth.

« — J’ai le malheur d’être veuf, » répondis-je.

« — Vous êtes bien jeune pour éprouver